Apprendre en agissant : vers une éducation qui reconnecte au réel

Et si une piste de karting valait parfois mieux qu’une salle de classe ?

La question peut surprendre. Mais elle ouvre un débat essentiel : notre système éducatif prépare-t-il vraiment les jeunes à la vie ?
Dans un monde en pleine mutation, où les compétences attendues ne sont plus seulement académiques mais aussi humaines, sociales, comportementales, il devient urgent de repenser notre manière d’enseigner. Et certaines expériences concrètes, comme celle d’un jeune sur un circuit de karting, nous en disent long sur ce que pourrait devenir une éducation du XXIe siècle.

Une éducation trop abstraite pour être mobilisable

Le modèle scolaire dominant repose encore largement sur la transmission de savoirs décontextualisés. Les élèves accumulent des connaissances sans toujours comprendre à quoi elles servent, ni comment les utiliser dans leur vie quotidienne.
Ce constat, déjà formulé par John Dewey il y a un siècle, reste d’actualité. Apprendre, disait-il, doit partir de l’expérience réelle de l’élève. Or, l’expérience manque cruellement. Trop d’enseignements restent décrochés du terrain, du corps, du vécu, ce qui rend leur appropriation plus difficile, et leur mémorisation fragile.
Attention cependant : l’abstraction en elle-même n’est pas un défaut. Elle est indispensable dans de nombreuses disciplines (mathématiques, philosophie, sciences). Le problème survient lorsqu’elle n’est pas reliée à une expérience concrète, ce qui limite le transfert vers la vie réelle.
À l’inverse, lorsqu’un jeune pilote un kart, il apprend en étant immergé dans l’action. Il ne lit pas une règle : il la vit. Il ne mémorise pas une procédure : il l’exécute. Et il en perçoit immédiatement l’intérêt, car la moindre erreur a des conséquences visibles et ressenties. L’apprentissage devient ainsi incarné, engageant, durable.

L’expérience comme vecteur de compétences essentielles

L’un des grands défis de l’éducation contemporaine est de former des individus complets, capables de s’adapter, de coopérer, de décider, de gérer leur stress. Ces compétences transversales, souvent qualifiées de « soft skills », sont devenues cruciales dans tous les environnements professionnels et sociaux.
Pourtant, elles restent peu travaillées à l’école, ou alors de manière trop théorique.
Or, sur un circuit de karting, lorsque l’activité est intégrée dans un cadre éducatif structuré, ces compétences prennent tout leur sens :

  • Prise de décision rapide,
  • Régulation émotionnelle,
  • Respect strict des règles,
  • Gestion du risque et de la responsabilité.
    Ces qualités ne se développent pas automatiquement. Elles émergent lorsque l’activité est accompagnée d’un encadrement intentionnel, d’objectifs explicites, et d’un retour réflexif. C’est pourquoi le sport (comme d’autres environnements expérientiels) peut devenir un vecteur pédagogique puissant… à condition d’être conçu comme tel.

Redonner du sens : un moteur de motivation

Le désengagement scolaire est souvent perçu comme un problème de discipline ou d’effort. Mais il s’agit bien plus profondément d’un problème de sens.
Pourquoi apprendre ? Pour qui ? À quoi bon ?
Ces questions, de plus en plus présentes chez les jeunes, mettent en lumière une faille : les savoirs scolaires sont souvent présentés comme utiles “plus tard”, dans un avenir abstrait.
À l’inverse, dans un environnement concret, le sens est immédiat. Sur la piste, il est évident qu’on respecte les règles pour ne pas mettre les autres en danger. Qu’on se concentre pour ne pas sortir de route. Qu’on progresse pour maîtriser sa machine.
L’effort prend sens parce qu’il est connecté à une réalité vécue.
C’est exactement ce que défendent les pédagogies expérientielles, comme celle de David Kolb, qui reposent sur un cycle : vivre une expérience, y réfléchir, en tirer des enseignements, et les réinvestir dans l’action.
Les travaux de Deci & Ryan (Self-Determination Theory) confirment : la motivation s’ancre dans le sens perçu, l’autonomie vécue et le sentiment de compétence.

Vers une éducation du réel : les quatre leviers d’une pédagogie vivante

Les expériences concrètes, comme le karting éducatif, montrent qu’un autre modèle est possible. Un modèle basé non sur l’abstraction, mais sur quatre leviers simples et puissants :
1 – L’action : on apprend en faisant .
2 – La structure : un cadre clair et sécurisant .
3 – La progression : chaque étape compte.
4 – Le sens : l’apprentissage est relié à un objectif concret.
Ces piliers peuvent être adaptés à bien d’autres domaines : agriculture, artisanat, théâtre, projets citoyens…
Partout où l’on agit, on peut apprendre autrement.

Changer de trajectoire éducative

Il ne s’agit pas de remplacer l’école par un circuit. Mais de reconnaître que le réel peut devenir un formidable levier éducatif. Que l’action, lorsqu’elle est encadrée, accompagnée, réfléchie, peut former aussi bien – parfois mieux – que la théorie.
Notre défi n’est pas de tout reconstruire, mais de reconnecter l’école à la vie. De sortir des murs, des manuels, des notes, pour redonner à l’apprentissage son sens premier : préparer les jeunes à comprendre, agir, s’adapter… et contribuer au monde.
Il est peut-être temps de changer de trajectoire. Et de faire de l’éducation, non pas un passage obligé, mais une aventure profondément humaine, ancrée, incarnée.

Kartagène, bien plus qu’un circuit

Chez Kartagène, nous sommes convaincus d’une chose : le karting peut être bien plus qu’un sport.
Dans un environnement structuré, encadré, pensé pour l’apprentissage, il devient un véritable levier éducatif, capable d’accompagner les jeunes dans leur construction personnelle, leur autonomie, et leur sens des responsabilités.
Parce que piloter, ce n’est pas seulement apprendre à aller vite.
C’est apprendre à se contrôler, à décider sous pression, à respecter un cadre exigeant — des compétences précieuses pour la vie.
Notre mission : former des individus, pas seulement des pilotes.
Offrir à chaque jeune une expérience concrète, engageante et utile, qui donne du sens à l’effort et prépare à l’avenir.
Kartagène, c’est une autre manière d’éduquer. Une manière vivante, incarnée, exigeante et profondément humaine.

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